Poupée de Chair
speed53agrandi2.jpg
Le quartier du Berlaymont, centre névralgique de la Pantunion européenne. Source: création de Paul Chadeisson, reproduite avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Au cœur de l’intrigue

I shall do as you command

Depuis quelques temps, une nouvelle substance stupéfiante circule dans les milieux interlopes bruxellois  : la Baby Doll, rapidement rebaptisée « drogue des violeurs » par les connaisseurs. Bien sûr, de telles substances existent sur le marché depuis longtemps, mais la Baby Doll est différente pour des motifs peu connus par ses utilisateurs : ce n’est pas une drogue chimique ordinaire, mais une nanodrogue. Autrement dit, elle repose sur l’action de dizaines de milliers de nanites, des machines microscopiques qui, après être entrées dans le corps de la victime, se dirigent vers son cerveau et se chargent de réorganiser ses connexions neurales afin d’atteindre un but déterminé. En l’occurrence, dès le prononcé du « mot-clef » inscrit dans les routines de programmation des nanites, la victime entre dans un état second où toute résistance psychologique est anéantie : elle accomplira tout ce qui est demandé d’elle, en utilisant à cet effet la totalité de ses facultés physiques et mentales, sans ressentir la moindre inhibition. Par ailleurs, ses facultés mnémoniques sont également inhibées, de sorte qu’elle ne gardera aucun souvenir des événements qui se seront déroulés pendant qu’elle était en transe, sous réserve des suggestions qui auront été implantées dans son esprit après avoir prononcé une seconde fois le mot-clef. Enfin, lorsqu’elle aura entendu celui-ci une troisième fois, la drogue cessera ses effets et la victime poursuivra ses activités comme si de rien n’était.

Comme toute forme de nanotechnologie, la Baby Doll est extrêmement difficile à détecter par les méthodes ordinaires, à moins que l’on ne cherche spécifiquement à mettre en évidence la présence de nanites dans l’organisme (voy. Augmentation, p. 107). En outre, celles-ci seront purgées par l’organisme après quelques semaines à moins qu’une nouvelle dose n’ait été ingérée (voy. Augmentation, p. 107), laissant néanmoins en l’état les souvenirs altérés de la victime (de sorte que les méthodes d’investigation magiques ne permettent pas non plus de découvrir ce qui s’est vraiment passé). Pour le reste, si l’élaboration de la Baby Doll a demandé des années de recherche dans des laboratoires spécialisés à l’autre bout de la planète, elle peut être générée à des coûts de production assez bas par quiconque propriétaire d’une nanoforge de bureau (voy. Augmentation, p. 115), une fois en possession du blueprint.

How do you make money out of it ?

Il y a quelques mois, Fax le Fix, un fixer bruxellois que les gens ont tendance à appeler dans son dos Fax la Fouine, est parvenu à mettre la main sur un tel blueprint. Dans cette version, le mot-clef qui active la drogue est « Amok ». La recette de fabrication aurait été dérobée à une filiale de Evo en Argentine qui aurait développé ce produit en vue de faciliter le traitement quasi hypnotique des militaires soumis à de graves traumatismes. Il n’a toutefois pas fallu longtemps à Fax pour comprendre que le produit (qui est d’ailleurs encore au stade expérimental, son utilisation répétée pouvant donner lieu à ce stade à des lésions cérébrales irréversibles) pourrait recevoir des applications certes moins sophistiquées mais nettement plus rentables. Avec l’aide de Doc, son techie à tout faire, il s’est donc mis à produire en masse cette drogue et à la proposer à ses meilleurs clients – les membres des gangs bruxellois les plus minables.

C’était toutefois sans compter sans l’imagination d’Amanda. Amanda est une touche-à-tout, une spécialiste du crime sous toutes ses formes. Shadowrunneuse à ses heures, escroc, indic, espionne, escort girl, hackeuse, spéculatrice, conseillère en sécurité et même Ms Johnson – il n’est pas un métier de l’ombre qu’Amanda n’ait essayé. Ce qu’elle aime par-dessus tout : le luxe, et ça coûte cher.

Avertie par ses réseaux de contacts de l’existence de cette nouvelle drogue, elle a songé un instant balancer l’information à Giorgio, le parrain local de la Mafia : les stupéfiants, c’est son secteur, et dans cette société post-capitaliste, il est l’un des derniers à ne pas apprécier les mérites de la libre concurrence. Ayant bâti toute sa carrière en évitant les décisions précipitées, Amanda a toutefois pris la précaution de se renseigner. Quelques sourires, et beaucoup de flatteries, lui ont permis d’arracher à Fax, non la recette de fabrication de la Baby Doll, mais au moins sa nature exacte. Amanda, qui n’a jamais manqué d’imagination, a tout de suite entrevu la manière dont cette substance quasiment indétectable et dont les effets peuvent se prolonger plusieurs semaines pourraient lui être profitables. Elle a donc commandé à Fax quelques doses de Baby Doll avant de disparaître dans l’ombre. Fax, qui ne connaît même pas son nom, a rapidement oublié l’incident, bien qu’il ait gardé, dans un coin de son cerveau, le souvenir de cette femme fatale, blonde aux yeux verts qui le scrutaient intensément derrière leurs longs cils pendant qu’elle tenait son porte-cigarette.

Where competition rules

David Russel est Directeur Général Adjoint en charge des Enquêtes et Perquisitions au sein de la DG Concurrence de la Commission européenne. Il s’agit de l’un des rares citoyens britanniques à être resté en fonction au sein des institutions de la Pantunion européenne – preuve de ses compétences et de son attachement à l’idéal pantunioniste. Certes, la Pantunion a connu des années difficile au XXIe siècle : bien que la souveraineté des Etats membres lui ait été officiellement transférée dès 2032, la Crise de la Subsidiarité, l'effondrement de la monnaie unique qui a entraîné la dissolution de la Banque Centrale, le retrait unilatéral du Royaume-Uni et les années de guerre qui s’en sont suivies, ont fortement affaibli le pouvoir de la Pantunion sur le terrain, au point que dans certaines régions, elle ait définitivement renoncé à exercer ses compétences. La montée en puissance des mégacorporations a également constitué pour la Pantunion un coup dur, le principe d’extraterritorialité finissant par priver d’application concrète le droit de le Pantunion là où il s’était le plus développé. Pourtant, un changement s’est amorcé au cours des dernières années. Les Big Ten ont en effet accepté de renoncer partiellement à leur immunité – renonciation toute précaire et toujours révocable – en vue de permettre à nouveau l’application des règles de concurrence (essentiellement les interdictions des cartels et abus de position dominante). Les observateurs ont douté de la sincérité de cette évolution, n’y voyant qu’une manœuvre destinée à fragiliser les plus faibles des mégacorpos, et notamment Renraku. Mais, quoi qu’il en soit, la DG Concurrence a vu soudain ses activités reprendre de l’ampleur, bien qu’elle marche sur le fil : si jamais elle venait à faire un faux pas, et à manquer de crédibilité aux yeux des Big Ten, il se pourrait bien que ceux-ci reviennent sur leur décision et décident de recouvrer collectivement leurs privilèges.

David Russel est donc un homme-clef. Des succès de son service dépendra sans doute le sort de toute la DG Concurrence et, indirectement, de la Pantunion. Heureusement pour elle, c’est un homme intègre, entièrement dévoué à l’idéal européen et – chose plus inhabituelle encore – (d’une certaine conception) du bien commun. Ses supérieurs n’avaient pas prévu, cependant, qu’il puisse tomber dans les filets d’Amanda.

Celle-ci avait bien préparé son coup. Usant de l’une de ses multiples couvertures, elle s’est présentée à un cocktail organisé par le Comité des Régions auquel David était présent. En dépit des fouilles et des détecteurs à l’entrée, elle a pu apporter avec elle une fiole d’un liquide inodore, incolore et insipide qu’on pourrait confondre avec de l’eau en bouteille (l’eau du robinet dégage une odeur infecte en 2072), si des millions de nanites invisibles à l’oeil nu ne s’y égayaient joyeusement. Après avoir versé ce liquide dans sa coupe de champagne, elle a profite d’un moment d’inattention de David pour l’échanger avec la sienne. Ensuite, se penchant à son oreille comme pour lui souffler une confidence (David ne trouvant pas désagréable qu’une si jolie femme, qui s’était présentée comme Camilla Eckelton, une compatriote active dans les lobbys de l’énergie, flirte légèrement avec lui), Amanda a prononcé le mot de passe et intimé à David de la retrouver dans une heure après avoir quitté la réception en prétextant une réunion et s’être assuré que personne ne le suivait. Arrivé au lieu de rendez-vous, David est entrée dans une voiture aux vitres teintées et Amanda s’est mise à conduire. Pendant plus d’une heure, elle l’a interrogée sur ses activités, les priorités du service, son mode de fonctionnement, les mégacorpos sur lesquelles une enquête était en cours, les descentes prévues, etc. Puis, elle l’a déposé devant un cinéma, en lui laissant le souvenir qu’après être sorti de la réception, il avait eu envie de prendre l’air avant de rentrer chez lui. Qu’il se souvienne, cependant, avoir fait une agréable rencontre lors du cocktail – oui, qu’il se souvienne d’une femme qu’il lui plairait de revoir…

Troubling coincidences

Ainsi, à deux reprises déjà, Amanda est parvenue à vendre à prix d’or les informations hautement confidentielles obtenues de David. La première fois, elle s’est contentée d’une information de valeur limitée – elle a informé Neonet que la structure tarifaire à base de ristournes qu’elle envisageait d’appliquer sur les ventes de commlinks faisait actuellement l’objet d’un examen serré par les services de la Commission. Jouant la carte de la prudence, Neonet a préféré annuler au dernier moment sa nouvelle politique, rendant sans objet de nombreuses semaines de travail des services de David. Bien sûr, ce pouvait n’être qu’une coïncidence.

Cela était toutefois plus difficile à croire la deuxième fois. David avait été contacté par Armement Plus, un cocontractant d’Ares Macrotechnology, qui souhaitait lui remettre les preuves de l’existence d’un cartel dont elle voulait se retirer. Bien sûr, aucune preuve n’était disponible sous format électronique (trop facile à pirater), aussi étaient-elles conservées sous format papier au siège d’Armement Plus. Tout était organisé pour aller récupérer ces preuves sous la forme d’une prétendue perquisition mais il se trouve que le siège social d’Armement Plus explosa quelques heures auparavant à la suite d’une malheureuse « fuite de gaz »…

L’attention de David a ainsi été alertée. Peut-être parce que l’empreinte mnémonique laissée par la nanodrogue n’est pas aussi efficace qu’Amanda l’espérait (après tout, il ne s’agit encore que d’une version expérimentale du produit), il a désormais l’intime conviction qu’il y a une taupe dans la place. Et son soupçon s’est porté immédiatement sur les deux seuls fonctionnaires qui étaient au courant du transfert de l’employé d’Ares : Johanna Hesse et Julien Leroy. David s’en est ouvert auprès du chef de la sécurité, Stelios Vassiliadis. Après avoir scruté attentivement les communications de Johanna et Julien (et même celles de David  : Stelios est un homme prudent), il n’est toutefois pas parvenu à établir que l’un d’eux aurait commis une indiscrétion auprès d’Arès. Cela étant, Stelios n’a pas les moyens (ni les autorisations) nécessaires pour mettre en place une surveillance permanente sur les fonctionnaires, ni pour accéder à leurs communications privées. C’est ainsi qu’après en avoir discuté avec David, ils décident de faire appel à des shadowrunners.

Au service de la Pantunion

Mr Johnson donne rendez-vous aux PJ dans un restaurant chinois situé avenue de la Chasse, à la lisière du Quartier Européen. L’endroit ne paie pas de mine, tous les immeubles à moitié délabrés de la rue pâtissant de la présence imposante des bâtiments de la Pantunion qui a fini par racheter tous le secteur qui s’étend de Schumann au Parc du Cinquantenaire, en s’entourant d’une grande muraille de verre (pour éviter les attentats).

Les personnages sont introduits dans une salle de réunion à l’arrière du restaurant où Mr Johnson les attend. Ce troll imposant, dont le mauvais goût vestimentaire est légendaire, les accueille et les invite à prendre place autour de la grande table de réunion. Des brouilleurs de sons et de communication sont activés. Mr Johnson les remercie courtoisement de s’être déplacé et leur parle d’une mission un peu particulière : leur déplairait-il de travailler cette fois-ci pour les pouvoirs publics  ? Il sait que nombre de Shadowrunners éprouvent une répugnance instinctive à travailler pour l’Etat et toutes ses manifestations, aussi préfère-t-il d’abord poser la question… Les finances publiques étant limitées, Mr Johnson leur propose la somme de 2.000 ¥ par Shadowrunner (éventuellement 2.500 ¥).

Si les joueurs acceptent, Mr Johnson leur indique que leur employeur va bientôt arriver et leur demande de patienter quelques instants. A ce moment-là, la porte (à laquelle Mr Johnson faisait face, et les personnages lui tournaient donc au moins partiellement le dos) s’ouvre et le patron du restaurant entre en apportant des bols de potage fumant au curry. Mr Johnson a évidemment droit à un bol plus grand que les autres. Il commence à boire goulûment son potage en louant la cuisine locale – ici, au moins, ce n’est pas du soja qu’on leur sert ! Bien sûr, ce n’est pas du vrai poulet non plus, d’après ce qu’il a compris, c’est de la viande de poulet reconstituée par des nanites – savez-vous que la plupart des choses qui nous entourent, à commencer par vos implants, sont désormais produites en masse en sein de nanoforges  ? Les nanites ne se plaignent jamais, ne demandent pas d’augmentation de salaire, ne font pas la grève, etc. Mr Johnson continue à parler sur ce ton de la pluie et du beau temps, histoire d’introduire discrètement le thème des nanotechnologies au sein du scénario.

David Russell et Stelios Vassiliadis finissent par arriver. Le premier est impeccablement habillé dans un élégant costume gris perle, il parle parfaitement le français sous réserve d’un très léger accent britannique. Le second a des lunettes de vision, porte régulièrement la main à ses oreilles où un récepteur est branché directement à son nerf auriculaire et a l’air en permanence sur le qui-vive (à la différence de Russel, il ne sert pas la main des personnages).

David, un peu embarrassé, leur explique qu’il s’agit d’une mission tout à fait exceptionnelle financée sur la base des fonds occultes de la Commission et qu’il insiste pour que la discrétion la plus grande soit respectée. Il n’a pas pu, en effet, se permettre d’entamer une procédure de passation de marché officielle, de crainte que précisément la ou les personnes qu’ils seront chargés d’appréhender n’apprennent l’existence d’une enquête à leur propos.

Il leur relate, d’un ton affable, la situation de la DG Concurrence depuis quelques années, l’incident avec Neonet et celui avec Ares, et leur fait part de ses soupçons à l’égard de Johanna Hesse et Julien Leroy. Il leur explique ensuite, sous le sceau de la plus haute confidentialité, qu’à la suite d’informations qu’il a reçues ce lundi, ses services s’apprêtent à faire une descente ce vendredi matin (on est actuellement mardi midi) dans un hôtel où, selon leurs informations, se tiendra une réunion secrète d’un important cartel qu’ils entendent bien démanteler. (Bien que David ne le révèle pas aux PJ, il s’agit d’un cartel dans le secteur des jeux vidéos, dirigé par Horizon.) L’un des membres du cartel, une petite société de faible importance (Microsoft, mais le nom n’est pas non plus révélé par David), a dénoncé le cartel dans l’espoir d’obtenir l’immunité des poursuites – et, sans doute aussi, pour se débarrasser de ses concurrents mieux armés sur le marché. A part David, seuls Johanna Hesse et Julien Leroy vont être mis au courant des détails de l’opération cet après-midi (les autres membres du service s’y préparent mais sans rien en savoir de précis). Cette opération est évidemment très importante pour la Pantunion et David veut s’assurer qu’elle n’échouera pas et, le cas échéant, débusquer la taupe.

Vassiliadis, d’un ton froid et détaché, les informe ensuite sur les mesures de sécurité qu’il a prises en interne. En gros, pendant la journée, Johanna et Julien sont surveillés chaque minute, leurs communications screenées, etc., mais on a jusqu’à présent rien découvert. L’objectif des personnages sera de les surveiller après leurs heures de boulot, et de faire immédiatement rapport s’il y a lieu. Vassiliadis se tient à leur disposition s’ils ont besoin d’information complémentaire (les communications devant transiter par un canal crypté).

Sous étroite surveillance

Johanna Hesse

Johanna habite dans un appartement situé dans un quartier assez tendance situé dans l’ancien Brabant wallon. Le système de sécurité est moyen, les personnages peuvent s’y introduire sans trop de mal. Johanna est originaire de Hambourg, elle travaille à la Commission depuis 6 ans déjà. Elle a 30 ans.

Rien de particulier à signaler dans sa vie, si ce n’est qu’elle a un « vice »  : le soir, il lui arrive de fréquenter les clubs échangistes réservés aux cadres branchés. C’est précisément ce qu’elle décide de faire le mardi soir pour se décharger du stress du boulot. En sortant des bâtiments de la Pantunion, elle ne prend pas l’itinéraire normal pour rentrer chez elle mais entre dans un Quick où elle se dirige vers les toilettes où elle s’enferme. Là, elle sort de son petit sac à main ses fringues du soir (avec un aspirateur à vide intégré, c’est fou comme on peut caser des choses dans un petit sac) et en ressort en tenue de soirée pimpante et ultra-courte. Elle met maintenant le cap sur le quartier des boîtes et pénètre dans un établissement interlope. Pour y pénétrer, les mecs doivent être en costar et les filles en mini-jupes. A l’intérieur, Johanna s’éclate pendant quelques heures avant de reprendre son attitude distante et retourner travailler le lendemain comme si de rien n’était. Fausse piste, donc…

Julien Leroy

Julien Leroy est d’un tout autre genre  : Français, passionné par son boulot, avec des sympathies altermondialistes, c’est quelqu’un d’extrêmement efficace. Il habite dans un quartier relativement défavorisé de la ville et son appart - pratiquement dénué de tout système de sécurité - est tapissé d’affiches vantant les mérites du communisme, les dangers de la déforestation, etc. Bref, un profil atypique qui pourrait attirer les soupçons.

Le mardi soir, il rentre tranquillement chez lui visionner un concert de musique folk. Le mercredi soir, au contraire, il est de sortie  : après être rentré chez lui, il en ressort vers 21h30 et met le cap vers le centre ville, en regardant de temps en temps derrière lui pour s’assurer de ne pas être suivi. Il entre dans un établissement fréquenté et va s’asseoir dans un coin au fond de la salle. En réalité, il a rendez-vous avec Thomas Delheure, un ami compatriote qui travaille chez Mitsuhama. Thomas souhaiterait obtenir son transfert à la Pantunion, à laquelle il pourrait en révéler beaucoup sur le fonctionnement interne de la mégacorpo, à condition d’obtenir un statut de témoin protégé. C’est en tout cas ce dont il vient parler ce soir à Julien. Celui-ci promet d’en parler à David mais, en sortant du bar, un Samourai des Rues décapite Thomas grâce à un fouet monofilament, et réserve le même sort à Julien si personne ne l’en empêche.

Le cœur d’une mère

Evidemment, jusqu’à présent, l’enquête principale piétine. La solution viendra aux joueurs d’une voie de traverse. Le mercredi matin, Balrog est contacté par Tonio, son contact dans la mafia. Celui-ci lui demande comme service de bien vouloir le rencontrer le mercredi midi dans un restaurant italien de la Place du Châtelain.

A l’heure dite, une limousine se gare devant l’établissement en question. En sort une très belle femme, au teint hâlé et aux cheveux bouclés sombres, qui prend place en face des personnages après avoir renvoyé Tonio d’un geste de la main. Une barrière sonore est installée.

Elle se présente comme Lucia, l’épouse de Giorgio (le parrain local de la mafia) et s’adresse à eux parce qu’elle a besoin du secours de gentilshommes et que Tonio les a recommandés. Si les personnages ont le malheur d’évoquer la question de l’argent, elle est choquée et leur demande de voir ça avec Tonio. Elle leur explique, un tremolo dans la voix, qu’il s’agit de sa fille de quinze ans, Giulia. Giulia est rentrée cette nuit dans un état… indescriptible. Lucia s’est rendue secrètement avec elle chez le médecin de famille (le Dr Duchamps) – heureusement, Giorgio était sorti – qui lui a confirmé l’impensable  : Giulia a été violée, non seulement hier soir, mais probablement plusieurs fois au cours des semaines qui précèdent. Le pire, c’est que Giulia n’en a absolument aucun souvenir. Lucia pense qu’on l’a droguée, mais le médecin n’en a trouvé aucune trace dans l’organisme. Lucia soupçonne qu’on a fait usage de la magie sur sa petite fille. Si Giorgio venait à l’apprendre, il risquerait de la renier, et de jeter tout le blâme sur Lucia, qui essaie justement de desserrer l’étau de l’éducation étouffante à laquelle sa fille est soumise… Bref, Lucia leur demande d’enquêter, de découvrir ce qu’on a fait exactement à sa fille et de châtier les coupables – qu’on lui ramène leurs genitali  !…

Lucia ne souhaite pas que les personnages parlent à Giulia, qui est déjà assez traumatisée comme cela, mais ils pourront sans doute en apprendre plus de Carla, la meilleure amie de Giulia. Giulia et Carla fréquentent une école-ghetto pour riches à Uccle, où tout est beau de l’extérieur seulement. Carla est une adolescente pourrie-gâtée qui passe son temps à mâchonner un chewing-gum. Elle ne sait pas exactement ce qui est arrivé à Giulia, mais elle s’en doute : depuis quelques semaines, elles traînent tous les deux avec une bande des rues, les Crazy Boyz. Giulia flirte un peu trop avec Max, le chef de bande, un blondinet arrogant. En matière d’arrogance, Giulia en connaît certes un rayon (on est pas la fille du parrain pour rien), et Carla est parfois mal à l’aise quand elle voit Giulia laisser Max passer sa main sous sa jupe… Hier soir, Carla est rentrée sans Giulia qui est restée avec la bande.

Ce que Carla ignore, c’est que Max et sa bande utilise depuis plusieurs semaines la Baby Doll sur Giulia pour assouvir leurs fantasmes. Hier soir, ils ont simplement été plus loin que de coutume.

Les stats du gang équivalent à celles de Halloweeners (SR4A, p. 283). Ils sont arrogants et bêtes. Ils n’y connaissent rien du tout en matière de magie, ce n’est donc pas l’explication. Max sait vaguement que la Baby Doll est une super drogue quasi impossible à détecter. Pas très difficile de remonter de là à Fax le Fixer…

Une machination démantelée

Résoudre l’énigme de Giulia ne donnera pas encore aux PJ la solution de l’énigme principale, mais ils penseront alors peut-être à faire le lien  : car quelle meilleure taupe que celle qui ignore qu’elle l’est  ? S’ils s’en ouvrent à Vassiliadis, celui-ci peut effectuer les tests nécessaires sur Julien Leroy et sur Johanna Hesse – qui s’avéreront négatifs. Mais bien sûr, il reste David Russel lui-même…

En fonction de l’humeur, deux possibilités  :

  • Soit les PJ pensent à tester Russell lui-même. Auquel cas, le test s’avère positif, et ils peuvent décider de le mettre en observation. Ils pourront ainsi découvrir qu’Amanda contactera – par hasard – Russell le jeudi vers 10h, qui décommandera son lunch de 12h pour aller manger avec elle. Les personnages pourront alors intervenir – même si Amanda fera tout pour s’enfuir.
  • Soit, s’ils n’y pensent pas, c’est Vassiliadis qui y pensera, mais alors il sera déjà trop tard  : Russell aura déjà filé l’information à Amanda et il ne restera plus qu’à annuler la perquisition du lendemain – ce qui est déjà mieux qu’un échec retentissant, mais porte néanmoins atteinte à l’image de la Pantunion.

Rafaël Jafferali


Ajouter un nouveau commentaire
ou S'identifier comme utilisateur Wikidot
(ne sera pas publiée)
- +